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Pression Supplémentaires
17 mars 2008

ARTICLE N°3 par M.

Génocide Culturel

On flingue les moines Bouddhiste!

En descendant dans la rue, en boycottant les offrandes des militaires, les moines entendent dénoncer les autorités qui ne respectent pas l'enseignement de Bouddha.

La Birmanie compte  400 000 bonzes, autant que de soldats. En principe il n'y a pas d'antagonisme entre les deux corps, bien au contraire. L'institution bouddhiste est légitimiste et son enseignement, porteur de paix sociale, prône l'apaisement des passions, et l'abandon des comportements égocentriques. Dans la tradition du theravada, ou "petit véhicule", pratiquée en Birmanie, chacun oeuvre pour son propre salut en accumulant, grâce à ses bonnes actions et aux offrandes faites aux moines, les mérites (kutho) qui permettront de renaître  ensuite dans une situation plus avantageuse, plus proche du but ultime qu'est le nirvana -la libération du cycle des naissances et des morts. Une philosophie qui n'incite guère à la révolte ! C'est par sa bonne conduite que l'individu peut espérer, lors de sa prochaine réincarnation, parvenir à une vie meilleure. On est donc loin de l'idée selon laquelle la révolution serait porteuse le lendemains qui chantent...

Pourquoi, alors, les bonzes ont-ils pris la tête du mouvement de protestation qui s'est emparé de Birmanie, relayant les anciens étudiants de Génération 88, à l'origine des premières manif' contre la vie chère? Leurs très grandes proximité avec la population est une première explication. Pas un village, dans ce pays profondément religieux, qui n'ait son monastère, lequel, bien souvent, tiens aussi lieu d'école et de dispensaire. Chaque matin, les moines vont, de maison en maison, mendier leur nourriture. Ils savent donc, au quotidien, ce qu'endure la population. En outre, on n'est pas forcément, en Birmanie, moine à vie. L'ordination est un devoir religieux pour tous les hommes -elle est facultative pour les femmes- qui doivent effectuer aux moins deux retraites monastiques, la première à l'adolescence, la seconde vers l'âge de 20 ans. La durée de ces séjours est variable : quelques semaines, quelques mois, ou quelques années...

Mais il y a une autre raison qui, elle, est d'ordre philosophique. Les moines, souligne Denis Gira, directeur du laboratoire bouddhisme-christiannisme à l'Institut catholique de Paris, ont la "responsabilité de dire aux dirigeants que leurs manière de gouverner ne va pas dans le sens du bonheur du peuple et qu'il contre dit par conséquent l'enseignement de Bouddha". Détenteur de l'autorité morale, il est dans leur attributions de dénoncer un comportement contraire à la philosophie bouddhiste. Certes, cette interprétation du dharma, l'enseignement de Bouddha, n'est pas partagée par tous : d'un monastère à l'autre, le degré d'engagement n'a pas été le même. D'autant que, ces dernières années, les dirigeants de la junte ont redoré bien des stupas et couverts de cadeaux les abbés (sayadaw) les plus influents... Ce sont les jeunes bonzes, surtout, qui sont massivement descendus dans la rue et on politisé un mouvement qui visai à l'origine, à obtenir des excuses de la junte, après que trois moines eurent été battus lors d'une marche le 5 septembre à Pakokku, dans le nord du pays.

L'activisme Monastique remonte à la Monarchie

Outre les manif', ils ont eu recours à une autre arme, plus déstabilisatrice encore : le boycott des offrandes des soldats et des policiers. Cette pratique dite du "bol retourné", explicitement prévu par les canons du bouddhisme, équivaut à une excommuniation. "Une société bouddhiste, explique Denis Gira, est comme un écosystème. Les bouddhistes laïques, grâce à leurs dons, perlettent aux moines de mettre en pratique l'enseignement de Bouddha et d'arriver ainsi au nirvana. En même temps, ils accumulent les mérites qui leur permettrons, à eux, de renaître la prochaine fois dans une situation plus avantageuse." Empêcher les militaires de leur faire des dons, c'est les priver aussi de tout espoir de réincarnation dans une vie  meilleure...

Ce n'est pas la première fois que les bonzes birmans s'engagent aux côtés du peuple. Ils avaient gonflé de leur nombres les cortèges lors de la grande révolte de 1988. Puis en 1990, lorsque les militaires avaient ignoré la victoire de la Ligue Nationale pour la démocratie d'aung Saan Suu Kyi, ils avaient, déjà, lancé une campagne de boycott des offrandes militaires. L'activisme monastique est une tradition très ancienne en Birmanie, qui remonte à la monarchie. Les moines étaient alors considérés comme des intercesseurs. Et leurs interventions auprès du souverain visaient bien souvent à obtenir que soient revu à la baisse de trop lourdes taxes...Par la suite, les bonzes jouèrent un rôle clef dans la lutte pour l'indépendance. L'un d'entre eux, U Wizaya, est mort en prison après 163 jours de grêve de la faim. C'était en 1929. Ils entendait protester contre l'interdiction faite aux moines, de porter la robe safran...

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